Sujet litigieux et délicat....
Ce sont les Soviétiques qui ont installée la culture intensive du coton en Ouzbékistan avec les délires productivistes qu'on connaît et qui ont conduit à des catastrophes écologiques sans précédent dans le monde. Fleuves détournés, usage intensif des pesticides avec pour conséquences l'assèchement de la mer d'Aral et une pollution durable, bien souvent de l'eau et toujours, des terres agricoles. Il n'est pas rare de voir les champs recouverts d'un grand voile blanc... le matin, çà pourrait passer pour du givre mais non, ce sont les sels des pesticides dont la terre a été abreuvée pendant des dizaines d'années qui affleurent...
Le coton est une des premières richesses de l'Ouzbékistan. Il est encore en partie exporté vers les usines du Bangladesh mais depuis l'indépendance, le gouvernement a développé une véritable filière de transformation du coton et les Ouzbeks s'habillent désormais essentiellement "made in Ouzbékistan.
Voilà pour la vitrine... ce dont les Ouzbeks parlent volontiers... Ensuite, le sujet est tout de suite beaucoup plus délicat....
C'est la fin de la saison de la récolte et depuis le car, nous voyons des gens travailler dans les champs. Jamais possible de s'arrêter pour faire quelques photos... pas maintenant, on verra plus tard, dit Sardor, un brin gêné... Mais à chaque fois, le même refus... Il se passe quoi, Sardor ? Pourquoi on ne s'arrête jamais devant les champs ? Il finit par nous avouer que c'est interdit... Interdit de photographier des gens qui travaillent dans les champs ? Là, il nous explique qu'il y a quelques années, des touristes ont mis en ligne des photos qui montraient des enfants participant à la récolte, que la communauté internationale a qualifié cette aide ponctuelle bien naturelle d'enfants à leurs parents de travail forcé des enfants et que cela a eu des conséquences désastreuses sur le prix du coton ouzbek et les exportations et que depuis, si des chauffeurs arrêtaient leur car pour permettre à des touristes de faire des photos, ce ne serait pas sans conséquences pour eux. Nous, on ne veut pas qu'ils aient d'ennuis nos gentils chauffeurs...
Ces quelques photos on été faites à la volée depuis le car...
Mais on a une autre question, dont on n'imaginait pas qu'elle puisse avoir un rapport...
Dimanche dernier, en partant de Boukhara, on est étonné par la quantité de minibus qui quitte la ville... Question à Sardor... ils vont où tous ces gens ? Lui beaucoup gêné... ils vont travailler dans les champs... Nous, interloqués... Des citadins qui vont, le dimanche travailler dans les champs?
On n'est pas soupçonneux, mais çà évoque malgré tout des pratiques de temps pas très démocratiques, donc on insiste... et là, il explique que ce sont des brigades de volontaires qui vont participer bénévolement à la récolte du coton parce que c'est une richesse nationale et que comme il faut que tout soit ramassé très vite toutes les aides sont les bienvenues et que leur transport est assuré gratuitement par les gentilles autorités...
Autre lieux, autres mœurs, mais quand même... Déjà, brigades, çà fait un peu drôle... équipes, ou groupes de gens, la connotation aurait été moindre... Donc, on re-insiste, et il finit par lâcher le morceau... chacun doit un peu de temps pour la récolte et tout çà est organisé par les barbes blanches mais que bien sûr tu peux refuser mais que bien sûr tu prends le risque d'être mal vu de tes voisins... que les étudiants aussi donnent un peu de leur temps chaque année, "comme chez vous pour les vendanges" dit-il pour conclure... Ah non, chez nous, pour les vendanges, on embauche des saisonniers, personne ne doit rien sur son temps et tout le monde est payé pour son travail.
çà ressemblerait pas très beaucoup à du travail forcé, çà ?
Gros malaise...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire