lundi 3 octobre 2016

Retour vers Tachkent par le col Kamtchik

2268 m à franchir et 4 bonnes heures de route... C'est la raison  pour laquelle on a pris l'avion à l'aller...
Mais pas que en fait... C'est aussi que cette route, les autocars n'y ont pas accès, qu'il faut passer de multiples contrôles, que, sauf au col, le moindre arrêt est formellement interdit, qu'il est aussi formellement interdit de faire des photos... Bref, c'est une des routes les plus sécurisées au monde... Et pourquoi donc ? Parce que sur une bonne part, elle longe la frontière du Tadjikistan, pays voisin de l'Ouzbékistan mais pas ami pour autant...
Pas ami du tout en fait. La faute, aux soviétiques qui ont appliqué la bonne vieille méthode "diviser pour régner" et ont attisé les animosités entre les peuples d’Asie centrale. En traçant des frontières tellement tordues, sans tenir compte des ethnies installées depuis des siècles, qu'elles sont toujours sources de conflits. En "favorisant" les déplacements entre territoires de ces peuples traditionnellement nomades d'où des revendications territoriales de part et d'autre. En soutenant une économie locale au détriment de l'autre...

Bref, en réunissant tous les ingrédients d'une bonne petite poudrière régionale...
Mais aussi, parce que l'Ouzbékistan a décidé qu'il resterait un état laïque, que le terrorisme islamiste ne passerait pas par lui, que la vallée de Ferghana est le seul endroit du pays où existe un islam fondamentaliste qui ne fait pas mystère de ses sympathies pour un mode de vie davantage en accord avec les impératifs de la charia et que l'Afghanistan, c'est à un jet de pierre. Donc, contrôle des allées et venues de chacun, à l'entrée comme à la sortie et patrouilles de militaires en armes, bastion fortifiés partout... Bonjour l'ambiance !


C'est cette partie de la route qui monte de Kokand vers Angren...

On quitte donc nos gentils chauffeurs pour prendre place dans les Chevrolet qui nous attendent. 3 par voiture.
Dernier briefing de Sardor. Les voitures vont rouler en convoi. Dans une grosse demie heure, on arrivera au poste de contrôle où nous devrons descendre et nous présenter à la police un par un avec nos passeports. A partir de là, plus de photos. Un seul arrêt est prévu, au col où on pourra sortir les appareils.
Et c'est parti ! Pour rouler en convoi, on roule en convoi... on se croirait dans un remake de Taxi... Les conducteurs doivent faire l'aller et retour dans la journée, tous les jours de la saison touristique, connaître la route par cœur, et juste chercher à nous impressionner...



Quoi qu'il en soit, je m'endors pour me réveiller au poste de contrôle. Même scénario qu'à Kashgar quand nous étions montés au lac Karakull, sauf que là, il n'y a pas de cabane à traverser... Militaire revêche qui prend le passeport sans un mot, le tamponne avec zèle, et nous le rend sans se fendre d'un sourire. En même temps, on ne fait pas les marioles non plus...
Et la route commence à monter... mais pas du tout comme on se l'imaginerait, en lacets, avec vue à droite, vue à gauche, On est en Asie centrale et rien n'a la même dimension que dans notre petite Europe... Donc, la route est large -2 fois 2 voies la plupart du temps- et serpente tranquillement... Le paysage est minéral... rien qui donne envie de s'arrêter faire des photos !
Mais il y a plein de monde à regarder... Les militaires cagoulés avec des gros trucs à la hanche qui montent la garde à l'entrée et à la sortie des tunnels. ceux qui marchent le long de la route, ceux qui sont dans les petits fortins construits à intervalles réguliers... on en dépasse un toutes les 5 minutes grand maximum... Yapa à dire c'est animé... d'autant que les échanges avec notre conducteur sont réduits à rien... Il ne parle ni anglais, ni français, ni allemand et nous, ni ouzbek, ni russe. Néanmoins, il a de bons goûts musicaux !
Enfin, le col où on peut sortir se dégourdir les jambes et profiter du panorama sur les montagnes enneigées... Les gars qui voudraient passer par là, çà leur ferait quand même un paquet de trucs à affronter...



Et c'est la descente sur Taschkent... Un big chantier ferroviaire pour relier la Chine à l'est de l'Europe via le Kirghizistan et l'Ouzbékistan. En augmentant le potentiel d'exportation, d'importation et de transit de chacune des 3 parties mais aussi en permettant à la Chine de ne plus être autant tributaire de la voie maritime et des tensions qu'elle a créées en mer de Chine...
Plus loin, plongée dans un brouillard bleuté et mal odorant... Les centrales à charbon marchent plein pot...
Difficile de se repérer... Les rares panneaux indicateurs ne donnent jamais les kilomètres... D'autant que maintenant la nuit est tombée et que l'éclairage des villes que nous traversons est parcimonieux... L'Ouzbékistan a un réel déficit en production électrique...
Enfin, c'est l'entrée dans Tachkent ! Un petit peu d'embouteillages pour faire bonne mesure et les 6 voitures viennent, dans une synchronisation parfaite, se ranger en même temps sur le parking de l'hôtel. Trop forts !

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